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La Gazette Nationale (ou Le Moniteur Universel)

18 août 2013

En 1789, lors de la réunion des Etats-Généraux, seuls trois journaux dits politiques étaient légalement publiés à Paris : La Gazette de France, Le Mercure et Le Journal de Paris. Panckoucke (1) était propriétaire des deux premiers, mais Le Journal de Paris (éditeur : De Quillau) avait l’avantage, en ces temps déjà bien agités, d’être quotidien, et connaissait un succès croissant. Quand l’Assemblée fut proclamée, il y eut une déferlante de parutions, y compris quotidiennes.

Volumes

Panckoucke, qui déjà avait eu l’idée d’un bulletin officiel pour l’Assemblée, était par ailleurs dans une fâcheuse position, à plus d’un titre : dirigé pour la partie politique par Mallet du Pan, Le Mercure était plutôt favorable à une monarchie constitutionnelle et ne semblait pas suivre le mouvement révolutionnaire général ; quant à La Gazette de France (2), elle n’était ni plus ni moins que l’organe officiel du gouvernement (elle ne fit pas mention, par exemple, de la prise de la Bastille). De plus, Panckoucke rémunérait ses auteurs par des pensions pour maintenir l’exclusivité de leur écrits, procédé tout à fait habituel pour ce type de journaux privilégiés. Ces pensions, admises donc dans le cadre des privilèges, lui valurent de sévères accusations, surtout après le 4 août. Aussi, il annonça la création d’un nouveau quotidien, inspiré des papiers-nouvelles que l’on trouvait en Angleterre, intitulé La Gazette Nationale ou Le Moniteur Universel. Le projet était de relater précisément les travaux et débats de l’Assemblée Nationale, de faire mention des affaires politiques aussi bien intérieures qu’étrangères, d’informer sur les arts, les lettres et les sciences, et de faire paraître les annonces, avis, actes légaux, décrets, traités, et même de promouvoir les manifestations culturelles, comme les spectacles de théâtre.
Le premier numéro parut le mardi 24 novembre 1789, et dès le début de l’année suivante, le Bulletin de l’Assemblée Nationale (directeur : Maret) y fut intégré. Ce bulletin était un compte rendu très précis des séances de l’Assemblée. C’est pourquoi aujourd’hui Le Moniteur Universel constitue une excellente source de documentation historique pour la période révolutionnaire. Il est à noter qu’en l’an IV, Henri Agasse, associé puis successeur (et gendre) de Panckoucke, eut l’idée d’une réédition du Moniteur en le complétant de 93 numéros commençant à la date du 5 mai 1789 (ouverture des Etats Généraux), lesquels forment une compilation apocryphe — ne bénéficiant donc pas de l’authenticité des numéros parus à partir du 24 novembre de la même année — mais qui néanmoins sont utiles à la compréhension générale des événements. Cette réédition correspondait à une demande forte, nombreux étaient ceux qui cherchaient les numéros passés du Moniteur, à l’unité ou en collection.
C’est avec le coup d’état du 18 Brumaire (9 novembre 1799) que le Moniteur devint véritablement le journal officiel du gouvernement français (3). Il cessa de paraître le 30 juin 1901. Entre temps, il avait récupéré son indépendance en 1868 grâce à la création du Journal Officiel.

Mon exemplaire de travail est la Réimpression de l’Ancien Moniteur, seule histoire authentique et inaltérée de la Révolution Française, depuis la réunion des Etats-Généraux jusqu’au Consulat (mai 1789 – novembre 1799), avec des notes explicatives, chez Plon Frères, Paris, 1847.

Je dispose de 16 tomes sur les 32 publiés :
Assemblée Constituante : Tome II, du 1er octobre au 31 décembre 1789 (les numéros du Moniteur sont au complet pour ce volume, mais manque la fin de l’extrait de la procédure criminelle instruite au Châtelet de Paris sur la dénonciation des faits arrivés à Versailles dans la journée du 6 octobre 1789) / Tome III, du 1er janvier au 31 mars 1790 / Tome VI, du 1er octobre au 31 décembre 1790 / Tome VII, du 1er janvier au 31 mars 1791 / Tome VIII, du 1er avril au 30 juin 1791 /
Assemblée Législative : Tome XI, du 1er janvier au 31 mars 1792 / Tome XII, du 1er avril au 30 juin 1792 / Tome XIII, du 1er juillet au 21 septembre 1792 (manque en fin de volume) /
Convention Nationale : Tome XV, du 1er janvier au 17 mars 1793 (manque en fin de volume) / Tome XVII, du 1er juillet au 30 septembre 1793 / Tome XIX, du 21 décembre 1793 au 20 mars 1794 / Tome XX, du 21 mars au 18 juin 1794 / Tome XXII, du 22 septembre au 20 décembre 1794 / Tome XXIII, du 21 décembre 1794 au 20 mars 1795 /
Directoire Exécutif : Tome XXIX, du 22 septembre 1797 au 15 novembre 1799 /
Table : Tome XXX (A-K)

Naturellement, je suis à la recherche des volumes manquants (même édition), en priorité :
– le volume d’Introduction au Moniteur, contenant un abrégé des anciens Etats-Généraux, des assemblées des Notables et des principaux événements qui ont amené la Révolution
– le volume I de l’Assemblée Constituante (du 5 mai au 30 septembre 1789)
– le deuxième tome (XXXI) de la Table (L-Z).

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(1) Charles-Joseph Panckoucke (1736-1798) est l’éditeur, entre autres choses, de L’Encyclopédie Méthodique, inspirée de L’encyclopédie de Diderot et D’Alembert, mais fonctionnant par entrées thématiques et non alphabétiques (210 volumes qui parurent jusqu’en 1832). Panckoucke édita également Le Grand Vocabulaire français contenant l’explication de chaque mot (Rédacteurs : Guyot, Chamfort & Duchemin de la Chesnaye) entre 1767 et 1774, en trente volumes.
(2) En 1791, elle devint la tribune du parti girondin avec Nicolas Fallet pour directeur. Chamfort, qui avait démissionné du Mercure, lui succéda le 1er mai 1792 (c’est Dumouriez qui le nomma), mais très brièvement. Il en fit un quotidien, rattaché au Ministère des Affaires Etrangères. Talleyrand y rédigea les nouvelles anglaises. Attaquée de toutes parts, par des manoeuvres secrètes, La Gazette de France manqua vite d’argent et perdit des abonnés, et après la dénonciation d’un complot « orléaniste » dont certains sont journalistes à la Gazette, Chamfort en démissionna le 16 juin, marquant en quelque sorte le début de la fin pour la Gironde. Retrouvez Chamfort dans l’article « Chamfort, une intuition évanouie« .
(3) Plus exactement, le 7 nivôse an VIII (28 décembre 1799), un avis précise que Le Moniteur Universel devient le seul journal à caractère officiel : « A dater du 7 nivôse an 8, les Actes du Gouvernement et des Autorités constituées, contenus dans le Moniteur, sont officiels. » Cet avis figure sur tous les numéros suivants (Consulat & Empire).

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Couverture du Tome III

Couverture du Tome III

Extrait du Prospectus

Extrait du Prospectus

Pour lire l’extrait du Prospectus, agrandissez l’image en cliquant dessus, puis cliquez de nouveau sur la nouvelle image.

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Mirabeau est mort le 2 avril 1791. Voici un extrait du Moniteur en date du dimanche 3 avril (Bulletin de l’Assemblée Nationale pour la journée du 2 avril) évoquant cette disparition. 

Mort de Mirabeau

Mort de Mirabeau

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