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La Logique ou l’art de penser

29 août 2013

La Logique ou l’art de penser fut publiée pour la première fois en 1662, à Paris, anonymement. Les auteurs en sont Antoine Arnauld et Pierre Nicole. Communément appelé La Logique de Port-Royal, cet ouvrage connut un vif succès. Régulièrement réédité, ce livre devint assez vite un manuel d’étude plus moderne et surtout plus digeste que les traditionnels ouvrages inspirés par la scolastique. Présentée sous la forme d’une grammaire générale (1), comprise dans un corps épistémologique cartésien et soutenue par une base augustinienne, La Logique met en avant l’usage de la Raison par quatre principales opérations : concevoir, juger, raisonner et ordonner. En y considérant les choses et leurs représentations comme système universel, est élaborée en particulier une théorie du signe tout à fait nouvelle qui pose le monde comme un ensemble d’unités liées qu’on appelle aujourd’hui le signifié et le signifiant. Ainsi certains signes « ne sont que d’institution et d’établissement, soit qu’ils aient quelque rapport éloigné avec la chose figurée, soit qu’ils n’en aient point du tout. Ainsi les mots sont signes d’institution des pensées et les caractères des mots. On expliquera, en traitant des propositions, une vérité importante sur ces sortes de signes, qui est que l’on en peut, en quelques occasions,  affirmer les choses signifiées. » (I,4). Pour résumer très rapidement, cette théorie va permettre non seulement de décliner les formes de signes et leurs fonctions, mais également de produire une nouvelle lecture, raisonnée, mathématique, du monde, en insufflant, au-delà de la simple épistémologie et de l’analyse des causes et des effets, de nouveaux concepts attachés à une multitude de domaines, comme la linguistique, la théologie, la politique.

La Logique

Port-Royal était un lieu propice à la naissance d’une telle oeuvre, les jansénistes ayant commencé un travail de sape contre l’absolutisme (royale et papal), et ouvrant également des brèches philosophiques, théologiques et politiques qui allaient sans cesse s’approfondir au siècle des Lumières, jusqu’à la Révolution Française, puisque par exemple la constitution civile du clergé adoptée le 12 juillet 1790 est clairement d’inspiration janséniste.
La Logique est d’une lecture très agréable et l’on a plaisir à y trouver les prémices de grands mouvements de pensée ; et encore aujourd’hui ce texte fait largement écho en linguistique et dans la théorie du langage universel.

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(1) Dans la continuité de la Grammaire générale et raisonnée contenant les fondemens de l’art de parler, expliqués d’une manière claire et naturelle, les raisons de ce qui est commun à toutes les langues, et des principales différences qui s’y rencontrent (Arnauld & Lancelot, chez Prault Fils l’Aîné, Paris, 1754)

Mon exemplaire est une réédition de 1775 (Chez la Veuve Savoye, Paris), en un volume in-12, à reliure pleine basane fauve marbrée d’époque, dos lisse avec titres et motifs dorés. XLVIII + 430pages. Ouvrage en vente au Catalogue.

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Les auteurs :
Antoine Arnauld (1612-1694), prêtre janséniste, fut un grand critique des systèmes philosophiques et théologiques, et un mathématicien remarquable. Son oeuvre est considérable, tant par sa quantité que par l’influence qu’elle exerça de son vivant et bien après lui.
Pierre Nicole (1625-1695), théologien et critique, il intégra vite Port-Royal et y eut une grande influence. Il enseigna le grec à Racine ; il fournit la matière première qui permit à Pascal de rédiger ses Provinciales (à noter qu’il traduisit Les Provinciales en latin sous le pseudonyme de William Wendrock, en y intégrant de sévères notes critiques). Il n’était pas un janséniste pur jus, et à cause de ses prises de position, il s’était vu refuser l’accès aux ordres par l’évêque de Chartres. Controversiste et critique de théâtre, il est aussi l’auteur des célèbres Essais de Morale.

From → LIVRES, PHILOSOPHIE

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